Volume #05
Revue d'art contemporain sur le son, octobre 2012
Score for a scream,
Texte d'Anne-Lou Vicente et Raphaël Brunel
La pratique artistique d’Isabelle Giovacchini consiste à interroger les techniques de représentation comme la photographie et à en détourner ou manipuler les usages, les méthodes et les enjeux. Plutôt que de chercher à fixer l’indice d’une réalité par essence fugace, elle s’emploie à bricoler l’image – généralement issue de sources préexistantes –, à la travailler depuis ses marges afin d’y révéler une forme d’invisibilité, de faire surgir la trace d’un événement inattendu. La photographie est ainsi convoquée dans son acception la plus littérale, celle de la révélation soudaine, presque magique, d’un motif, en même temps qu’elle est utilisée à contre-emploi pour figurer – autant que pour les passer sous silence – des phénomènes insaisissables comme le son, notamment.
Pour VOLUME, Isabelle Giovacchini a travaillé à partir de la reproduction d’une photographie montrant Augustine, célèbre patiente du Professeur Charcot, allongée, le visage déformé par les convulsions d’une crise d’hystérie. Elle en a extrait deux nouvelles images obtenues en la recadrant, pour l’une, sur le demi-cercle formé par la béance sombre de la bouche de la jeune femme, suggérant ainsi la sonorité de son cri, pour l’autre, sur un léger reflet au-dessus de celle-ci représentant potentiellement le souffle de ce hurlement sans fin. Ce jeu d’agrandissements fait délibérément apparaître de manière grossière la trame de l’impression, dont le rythme alterné de points noirs et blancs évoque la partition muette du cri d’Augustine.
Texte d'Anne-Lou Vicente et Raphaël Brunel
La pratique artistique d’Isabelle Giovacchini consiste à interroger les techniques de représentation comme la photographie et à en détourner ou manipuler les usages, les méthodes et les enjeux. Plutôt que de chercher à fixer l’indice d’une réalité par essence fugace, elle s’emploie à bricoler l’image – généralement issue de sources préexistantes –, à la travailler depuis ses marges afin d’y révéler une forme d’invisibilité, de faire surgir la trace d’un événement inattendu. La photographie est ainsi convoquée dans son acception la plus littérale, celle de la révélation soudaine, presque magique, d’un motif, en même temps qu’elle est utilisée à contre-emploi pour figurer – autant que pour les passer sous silence – des phénomènes insaisissables comme le son, notamment.
Pour VOLUME, Isabelle Giovacchini a travaillé à partir de la reproduction d’une photographie montrant Augustine, célèbre patiente du Professeur Charcot, allongée, le visage déformé par les convulsions d’une crise d’hystérie. Elle en a extrait deux nouvelles images obtenues en la recadrant, pour l’une, sur le demi-cercle formé par la béance sombre de la bouche de la jeune femme, suggérant ainsi la sonorité de son cri, pour l’autre, sur un léger reflet au-dessus de celle-ci représentant potentiellement le souffle de ce hurlement sans fin. Ce jeu d’agrandissements fait délibérément apparaître de manière grossière la trame de l’impression, dont le rythme alterné de points noirs et blancs évoque la partition muette du cri d’Augustine.