Quand fond la neige2014 - 2017, série de tirages argentiques partiellement effacés sur papier RC, virage au sélénium, 80 x 100 cm chaque. Pièces uniques. Réalisée avec le soutien de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques et l'aide du Parc du Mercantour. WHEN THE SNOW MELTS / 2014 - 2017, partially deleted silver prints, selenium toning, 80 x 100 cm each. Unique pieces. |
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Quand fond la neige est une série de photographies réalisée à partir de vues de paysages montagneux avec lacs et produite avec le soutien de la FNAGP (Paris). Comme souvent dans mon travail artistique, l’enjeu principal est de questionner la photographie en le dénaturant et en mettant en avant des aberrations techniques que l’on peut trouver au sein de ce médium. Photographe sans boitier photographique, je procède généralement, comme c’est le cas ici, à partir d’images pré-existantes.
J’ai fait subir plusieurs opérations à ces images provenant du fonds iconographique de Parc National du Mercantour : - Tout d’abord, je les ai transformées en négatifs sur papier à l’aide d’une imprimante laser. - Cette technique, générant des matrices d’assez basse définition, ont ensuite été tirées par agrandissement en chambre noire, sur papier argentique noir et blanc de 80 x 100 cm. Les tirages obtenus sont volontairement pâles, comme s’ils étaient déjà un peu passés. Ce rendu très doux, presque cotonneux, est rejoué par les fibres du papier négatif qui transparaissent à la surface de l’image, à la façon des calotypes sur papier salé du 19e siècle. - Enfin, une fois ces tirages achevés, j’ai appliqué un liquide, le ferrocyanure de potassium, au pinceau sur la surface des lacs. Celui-ci élimine les sels d’argent de façon à faire resurgir le blanc du papier photographique. L’origine de ce projet vient de mon intérêt pour les histoires, légendaires ou avérées, liées aux lacs : villages engloutis pour créer certains lacs artificiels, créatures fantastiques et menaçantes qui vivraient en leur sein, accidents et noyades... Parfois, les lacs ont aussi des noms très chargés symboliquement comme s’ils représentaient des menaces : Lac noir, Lac du diable, Lac de la femme morte... Pourtant, il s’agit la plupart du temps de simples et petites étendues d’eau formant des réserves entre deux montagnes. À travers cette série, je m’intéresse aux phantasmes que génèrent ces étendues d’eau trouble, où le regard et la lumière ne passent pas. J’aime l’idée de recouvrir ces surfaces à l’aide d’un liquide effaçant, comme si cette superposition rejouait les idées de lacune, de rupture géographique ou photographique. Les paysages du Massif du Mercantour sont plus rocailleux que la plupart des autres terrains lacustres. Ainsi tirés, ils prennent une tonalité lunaire, et évoquent pour moi les recherches que font par exemple les astrophysiciens pour déceler une ancienne présence d’eau à la surface de certaines planètes ou satellites. Le titre est issu de la phrase «Quand fond la neige où va le blanc ?», aphorisme présumé de Shakespeare, auteur dont on remet régulièrement en cause l’existence littéraire. Énigmatique et lacunaire, il me permet de faire allusion aux lacs formés par la fonte des neiges, à la latence photographique, aux mythes invérifiés. |
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